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| | ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne | |
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mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Mar 22 Oct 2013 - 17:07 | |
| j'étais en train de lire Erasme, "Eloge de la folie", et je suis tombé sur plusieurs anciennes appellation, dont la première: la "Moly"...
Il faut se rappeler que dans l'odyssée d'Homére, Circé transforme en pourceau (ou donne l'impression) les compagnons d'ulyse en leur faisant boire un filtre a base de Jusquiame.
Moi j'en comprend qu'ayant bu de la jusquiame il voit ses amis se transformer en pourceaux, ou que leurs comportements qui suit l'ingestion donne a voir un comportement "porcin" ...
A savoir que quelque Solanacea sont décrit par les scientifiques comme delirogéne , impliquant une non prise de distance avec les hallucinations induite, les personnes croient ce qu'elles voient. a sa décharge, ulysse voit "vraiment" ses amis se transformer...
Ensuite Hermes offre de la Moly a Ulysse comme antidote: "la racine en est noire, et la fleur, blanc de lait ; « molu » disent les dieux"
L'antidote pour moi devais être une " plante magique" de racine noir avec une fleure blanche.. les interprétations vont bon train... dont la mienne^^ de L'allium nigrum a la mandragore les proposition passe par une plus plausiblehttp: Galanthus nivalis "perce neige" dont la galanthamine annule les principe actif tropanique des solanacea.
Mais la racine et loin d'être noir...
A la description de la plante, je pensais plus a une ancienne "plante magique" ou "plantes de sorcière" dont on ne connait pas vraiment l’utilisation, juste son coté "émétique" et qui fut utilisé par les médecins pour soigné la folie: Helborus niger. racine noir fleur blanche.
Du bon usage de l'Ellébore selon Oribase Racine d'une saveur nauséabonde, très âcre, amère, d'une odeur virulente; elle est un purgatif violent. Les anciens vantaient l'ellébore d'Anticyre contre la folie & l'imbécillité : son infusion déterge les anciens ulcères insensibles & arrosés d'un pus ichoreux; elle détruit quelquefois la rache rebelle à l'action des autres remèdes; pulvérisée, elle excite avec promptitude l'éternuement si fort & si souvent répété, qu'il survient des accidents très fâcheux. On donne la racine pulvérisée, depuis trois grains jusqu'à trente, dans cinq onces de véhicule fluide & mucilagineux; en infusion, depuis six grains jusqu'à une drachme.
Fin alternative ^^ :
Ovide : Métamorphoses XIV Ovide, réécrivant la visite d'Ulysse à Circé, insiste sur sa connaissance du pouvoir des plantes mais n'est pas plus précis sur la plante ni son usage: Les Néréides et les Nymphes forment sa cour. (...) elles arrangent des plantes, rassemblent et séparent, dans des corbeilles, des fleurs éparses sans ordre, et des herbes de diverses couleurs : c'est là l'ouvrage que leur reine exige d'elles. Circé connaît l'usage de chaque plante, et les effets qu'on obtient de leur mélange; elle les retourne, les pèse, et les examine attentivement. ... Le héros avait reçu du dieu qui porte le Caducée une fleur dont la feuille est blanche, la racine noire, et que les dieux appellent 'moly'. Fort du pouvoir de cette plante, et muni d'avertissements célestes, il entre dans le palais de Circé. Invité au breuvage trompeur, il tire l'épée, repousse la coupe, et épouvante la déesse,
Bon alors là l'histoire est a l’envers^^ il la reçoit avant..
Dernière édition par mayapan le Jeu 24 Oct 2013 - 5:48, édité 2 fois | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Mar 22 Oct 2013 - 17:29 | |
| Erasme parle aussi de la népenthès (ancienne appellation,et non la carnivore) dont j'ai une page dans un bouquin de Rätch, et de la panacée dont je n'ai encore aucune d'information, tellement de plantes ont été "la panacée contre tous les maux", mais là encore c'est une appellation.
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| | | Nyx divinité
Nombre de messages : 2554 Date d'inscription : 26/07/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Mer 23 Oct 2013 - 14:22 | |
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| | | melo spécialiste cactées, plantes grasses
Nombre de messages : 2868 Age : 42 Date d'inscription : 31/10/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Mer 23 Oct 2013 - 20:09 | |
| la racine, le bulbe en tout cas, n'est pas noir mais est certainement foncé. comme un oignon de tulipe, ou un oignon de cuisine... D'autre part, le perce-neige est assez rare en Europe du sud-est. Voir cette carte. La distribution s'arrête bien avant l'actuelle Georgie, là où était la Colchide, région d'Ééa. Après bon, rien n’empêchait Circée ou Hermès de cultiver des plantes qui n'étaient pas du coin... | |
| | | Nyx divinité
Nombre de messages : 2554 Date d'inscription : 26/07/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 1:59 | |
| Les pythagoriciens allaient jusqu'en Gaule pour se faire de bonnes bouffes et parler philo et magie avec les druides. Donc je pense que c'est bien possible que des Gaulois fassent tourner les bulbes dans la culture Grecque.
Là ou j'habite(Haute-Savoie), c'est rempli de perce-neige et à l'époque, dans mon village, il y avait des Allobroges et des Romains. Je pense que les civilisations n'hésitaient pas à se faire tourner les savoirs, les graines etc. On a même retrouvé des motifs géométriques ornementaux similaires en Gaule et en Grèce. Il n'y avait pas easy-jet, mais certains voyageaient beaucoup à l'époque.
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| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 3:27 | |
| Erasme parle dans la même phrase de la Panacée, qui est maintenant plus une expression. mais lui la désigne comme plante bien précise a l'époque: Mais de tout cotés y réjouisse les yeux et les narines, le moly, la panacée, le népenthès, la marjolaine, l'ambroisie...
et effectivement: On le retrouve au XVIe s. chez Ronsard, à la fois pour désigner une variété d'herbe que l'on peut voir dans les prés (1549) ( http://historique.fracademic.com/14342/panac%C3%A9e )
En grec opopanax, transcrit dans le latin opopanax. Le mot grec est composé de opos « suc d'une plante » qui désigne notamment le suc acide de la figue employé pour faire cailler le lait, et de panax, nom d'une plante.
Dernière édition par mayapan le Jeu 24 Oct 2013 - 5:49, édité 2 fois | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 3:39 | |
| Le Nepenthes n'étant pas non plus la Carnivore que l'on connait..
népenthès [ nepɛ̃tɛs ] n. m. • nepenthe 1560 ; mot gr. « qui dissipe la douleur » 1 ♦ Chez les Grecs, Breuvage magique, remède qui dissipait la tristesse, la colère. — Plante dont les Anciens tiraient cette drogue.
[Chez Homère] Breuvage magique propre à dissiper la mélancolie et à provoquer l'oubli. Jason fut invité pour le soir même à venir boire une tasse de népenthès (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p.91).
— Plante avec laquelle était préparé ce breuvage. Le suc du Népenthès distillé par Hélène Jadis calmait le deuil, la colère et la haine (FONTANÈS, OEuvres, Jardin, t.1, 1821, p.205). Le népenthès est une plante mentionnée par Homère en son Odyssée, et qui dissipe les ennuis (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t.2, 1833, p.197).
Alors le pavot comme népentés j'y avais penser, car:
"Je sucerai, pour noyer ma rancoeur, Le népenthès et la bonne ciguë Aux bouts charmants de cette gorge aiguë Qui n'a jamais emprisonné de coeur." Les Fleurs du Mal (1857), XXX - Le Léthé Citations de Charles Baudelaire
"La souffrance te fut plus qu'à d'autres aiguë. Socrate n'avait bu que le suc de ciguë; C'est autre chose, auprès du népenthès païen, Que de vider la lie au calice chrétien!" (Jammes, De tout temps, 1935, p.23).
concernant la mort de Socrate:
"En ajoutant du suc de pavot, c’est-à-dire de l’opium, à la ciguë, Thrasyas obtient une drogue qui permet une mort facile et sans douleur (ῥᾳδίαν ποιεῖν καὶ ἄπονον τὴν ἀπόλυσιν). Il s’agit là d’une découverte très intéressante lorsqu’on connaît, de réputation, les souffrances entraînées par un empoisonnement à la ciguë."
" les Grecs mélangeaient a la cigüe de l’opium pour neutraliser les convulsions et diminuer la conscience (puisque l’opium provoque la somnolence) ainsi que du datura pour renforcer la toxicité bien que la cigüe soit en elle-même déjà très toxique. En effet, dans toutes ses parties et surtout les fruits, la cigüe contient cinq alcaloïdes* violement toxiques mais principalement de la conine, un poison neurotoxique.""
Dernière édition par mayapan le Jeu 24 Oct 2013 - 6:47, édité 4 fois | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 3:43 | |
| Moi je reste convaincu que: - mayapan a écrit:
A la description de la plante, je pensais plus a une ancienne "plante magique" ou "plantes de sorcière" dont on ne connait pas vraiment l’utilisation, juste son coté "émétique" et qui fut utilisé par les médecins pour soigné la folie: Helborus niger. racine noir fleur blanche.
Si nous en croyons Ovide (1), Circé avait eu des devanciers : le cruel Lycaon, roi d'Arcadie, qui vivait quatre siècles avant elle, avait été changé en loup; premier exemple de cette forme bizarre d'aliénation mentale connue sous le nom de lycanthropie, à laquelle on doit l'origine populaire des loups-garous. Les Prœtides^ filles du roi Prœtus d'Argos (1498 av. J.-C), se croyaient changées en vaches et parcouraient la Thrace en beuglant. Le divin Mélampus les guérit avec de l'ellébore (2), qui, mille ans plus tard, était encore le purgatif d'Hip- pocrate; (pdf) " poison et sortilege" https://ia700304.us.archive.org/4/items/poisonsetsortil00cabauoft/poisonsetsortil00cabauoft.pdf Donc je pense que Circée est ses prédécesseur utilisait divers solanacea pour empoisonner et que l'on utilisait Hellborus niger pour soigné ces accès de folie. D’ailleurs on a apparemment utilisé l’Ellébore pour soigner la folie jusque pas si longtemps. Par contre je ne me prononce pas sur les résultat, folie étant déjà assez vaste et regroupant divers pathologie nécessitant différent accompagnement, mais regroupant aussi seulement des personne dont le comportement ne suis pas ceux de la norme dominante. http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/ellebore.htm
Dernière édition par mayapan le Jeu 24 Oct 2013 - 5:53, édité 3 fois | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 4:49 | |
| Du coup je suis tombé sur ça: Mythologie et plantes médicinales de l'Antiquité -JulienFABRE* (pdf) http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2003x037x001/HSMx2003x037x001x0065.pdf Ou je lis: Theombrotion,"nourrituredesdieux" dont la composition a gardé son secret.Et par "Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre XXIV " (en entier: http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/pline_hist_nat_24/ligne05.cfm?numligne=103&mot=Theombrotion ) Le théombrotion vient à trente schènes (XII, 30, 2) du fleuve Choaspes; il représente les couleurs du paon, et l'odeur en est excellente. Les rois des Perses le prennent en aliment ou en boisson contre toutes les incommodités corporelles, et contre les dérangements de l'esprit. Il est appelé semnion, de l'usage qu'en font les souverains. Par contre dans "Mythologie et plantes médicinales de l'Antiquité" la je ne suis pas d'accord: Ambroisie préparée avec une plante "qui rend immortel ": l'armoise maritime...
Je cite nyx qui resume bien: - Nyx a écrit:
- Chez les Grecs Anciens, une légende raconte que le breuvage du Nectar d'Ambroisie est une boisson ni solide ni liquide qui est la nourriture des Dieux de l'Olympe.
(Ambroisie n'a rien a voir avec la plante ambroise) Ce breuvage a plusieur vertus pour les Dieux mais si un mortel en boit,il verra l'éternité et deviendra immortel au niveau des Dieux. Selon la légende,le Nectar d'Ambroisie provient du Phallus du Dieu Dyonisos lui-même. (qui est le dieu de la fete et engeandre l'ivresse,parfois considéré comme dieu du vin)
D'après certaines théories, le sexe de Dionysos d'ou est tiré le breuvage magique sacré,serrait l'Amanita muscaria dont la morphologie de champignon correspond à un phallus et l'éternité ainsi que la contraction inimaginable du temps et de la pensée est très fortement lié à l'Amanita muscaria pour des raisons que je n'expliquerai pas. Les Certains Grecs initiés appelaient secrètement ce champignon par des initiales d'autres plantes ce qui donnait: M.Y.C.O.S. en créant un jeu de mot car en Grec Mycos signifie champignon.
Voila pour une petite histoire plus ou moins complète de ce Champignon le plus respecté ...
Punir un Dieu du Nectar d'ambroisie est la pire sentence imaginable: « Quiconque, parmi les Immortels, maîtres des cimes de l'Olympe neigeux, répand cette eau pour appuyer un parjure, reste gisant sans souffle une année entière. Jamais plus il n'approche de ses lèvres, pour s'en nourrir, l'ambroisie et le nectar. Il reste gisant sans haleine et sans voix sur un lit de tapis : une torpeur cruelle l'enveloppe. » (trad. Paul Mazon) Si le verre que tient Dionysos ne se prête pas a une Amanite... | |
| | | Nyx divinité
Nombre de messages : 2554 Date d'inscription : 26/07/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 18:54 | |
| Merci Mayapan !
Très intéressant. Il ne te reste plus qu'à découvrir la composition du Kikeon des mytère antiques à Eleusis. Les initiés ressortaient de là n'ayant plus peur de la mort car il avait eu accès à une garantie de ce qu'il y a après. Le rituel comprenait une procession, le sacrifice d'un porc, et boire le Kikeon. Ensuite, l'inité pénétrait dans un lieu secret, et là, tout ce qu'on sait c'est qu'il était montré quelque chose d'ultime... Malheureusement ou plutôt heureusement, les prêtres et les initiés on si bien gardé le secret qu'on n'a jamais su ce qui était ni quelle était la composition du Kikeon. Peut-être un enthéogène ?
Deux choses:
-Référence du peintre STP (Caravage) -Mon texte sur l'amanite je l'ai écrit il ya trop longtemps, tu pourrais retrouver le topic en question ?
En tout cas merci, j'ai découvert plein de références et d'anecdotes que je ne connaissais pas. | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 19:23 | |
| - Nyx a écrit:
- Merci Mayapan !
-Référence du peintre STP (Caravage) -Mon texte sur l'amanite je l'ai écrit il ya trop longtemps, tu pourrais retrouver le topic en question ?
En tout cas merci, j'ai découvert plein de références et d'anecdotes que je ne connaissais pas. j'ai chercher le peintre j'ai pas trouvé... sinon: https://ethnoplants.1fr1.net/t196-amanita-muscaria-amanite-tue-mouche | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 19:24 | |
| A oui c'est Caravage qui peint Bachus ok.... | |
| | | Nyx divinité
Nombre de messages : 2554 Date d'inscription : 26/07/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 20:33 | |
| Merci. Je pense qu'il y a quelque chose qui ne joue pas dans ta théorie du Nephentes. Tu postules que le Nephentes de la Grèce antique est le Pavot Somniferum... pour justifier ca tu emploies un texte de Baudelaire. Bien que l'auteur soit consommateur de Pavot , ceci n'implique en rien que la plante Nephentes qu'il cite dans un poème pour des raisons esthétiques, soit le pavot. Premièrement, Baudelaire n'a pas côtoyé Homère et deuxièmement il n'est pas familier avec la botanique de la Grèce antique. De plus, le Pavot était déjà très bien connu par les Grecs anciens, les médecins l'employaient et mettaient déjà en garde les gens contre le danger de cette plante. Les Grecs anciens le nommait "opion". Alors pourquoi auraient-il donné le nom de Nephentes à une plante qui à déjà un nom et qui est bien connue de la pharmacopée grecque ? Conclusion: le Nephentes n'est pas le Pavot. Il est dit que Nephentes de l'antiquité dissipait la mélancolie et la tristesse. Il est dit que celui qui boit de ce vin ne peut même pas pleurer à la mort de ses propres parents. Il est dit aussi, qu'elle fait oublier, calme la colère et rend indulgent. Je dirais d'après les écrits d'Homère que le Nephentes procure un effet semblable à un état d'hébétement => diminution des émotions, souplesse d'esprit, perte de mémoire. Je pense donc qu'il s'agissait bien d'un mélange ou d'une plante aux vertus psycho-actives. Probablement une sorte d'anti-dépresseur sédatif hypnotique mais pas le Pavot. Tiens, ce livre traite le sujet de manière approfondie: http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1968_num_56_196_7720 | |
| | | melo spécialiste cactées, plantes grasses
Nombre de messages : 2868 Age : 42 Date d'inscription : 31/10/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Jeu 24 Oct 2013 - 23:05 | |
| Poe et Lovecraft, déjà plus contemporains de Baudelaire que d’Homère, et tous deux ayant utilisé, en moindre mesure, de drogues et notamment d'opium font des références à la népenthès. Dans the outsider de Lovecraft, avant dernier paragraphe, et Poe dans The Raven, 5ème paragraphe en partant de la fin. 'Fin bref tout ça pour dire que les poètes s'octroient des licences poétiques qui parfois sont plus nécessaires à la beauté du texte qu'elles ne sont exactes. I. Asimaov en cause aussi dans Robots of dawn, mais c'est moins poétique. D'autant plus qu'ils l'utilisent ici comme métaphore de la drogue qui fait oublier la tristesse, plus que comme la rigoureuse même plante -ou mélange de plantes- citée dans l'Odysée.
Cet article intéressant, que je résume très rapidement pour les feignasses dit en substance que d'un cotés la népenthès n'est pas une plante à proprement parler mais un mélange, et de l'autre qu'il sera probablement et à jamais impossible de savoir la composition de ce dit mélange. L'auteur juge que ce dernier était probablement un mélange de Cannabis, opium et d'une solanacée, Hellébore ou Datura, ce type de "médicament" était très utilisé en Égypte à l'époque et le texte nous dit qu'Hélène l'a ramené, justement, d’Égypte.
A cotés de ça, Hypnos, le dieu du sommeil entre autre, pouvait endormir les hommes en les touchant avec un bâton trempé dans le Léthé, fleuve aux enfers, mais aussi en leur donnant de la népenthès, contenu alors dans une corne. Il n'est alors pas dans ce cas fait référence à un sommeil particulier. La népenthès comme simple somnifère.
Bref, j'ai pas le courage de chercher plus avant dans les différentes thèses publiées, surtout que beaucoup sont en latin que je lit très mal et lentement, ou pire en Allemand... alors à part l'abstract en english...
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| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Sam 26 Oct 2013 - 1:02 | |
| D'accord avec toi concernant l'utilisation de nom a titre poétique ou évocatrice... mais le fait que ciguë et néphenthès ai été citée ensemble plusieurs fois dont avec socrate m'ont fait pensé que ça aurait pu être le pavot, qui était contenue dans le mélange qu'il lui on fait boire, mais effectivement l'effet ne corrobore pas, par contre je suis sur qu'il s'agit d'une seul plante. - mayapan a écrit:
- Plante dont les Anciens tiraient cette drogue.
— Plante avec laquelle était préparé ce breuvage.
Bref pour le néphentès c'est effectivement plus compliqué, mais il reste possible qu'hlene ai "distilé" de l'opia.. ou opium.. ou pas... ^^ | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Sam 26 Oct 2013 - 17:18 | |
| L'article est très intéressant.. merci melo!
Et du coup en traduction pour gagner du temp:
http://translate.google.fr/translate?sl=en&tl=fr&js=n&prev=_t&hl=fr&ie=UTF-8&u=http%3A%2F%2Febooks.adelaide.edu.au%2Fl%2Flovecraft%2Fhp%2Foutsider%2F
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&tl=fr&u=http%3A%2F%2Fwww.heise.de%2Fix%2Fraven%2FLiterature%2FLore%2FTheRaven.html
Par contre je ne sais pas si la traduction est rigoureuse, google traduc faisant du mot-a-mot... | |
| | | melo spécialiste cactées, plantes grasses
Nombre de messages : 2868 Age : 42 Date d'inscription : 31/10/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Sam 26 Oct 2013 - 18:31 | |
| - je suis d'ailleurs - the outsider:
Malheureux celui auquel les souvenirs d'enfance n'apportent que crainte et tristesse. Misérable celui dont la mémoire est peuplée d'heures passées dans de vastes pièces solitaires et lugubres aux tentures brunâtres et aux alignements obsédants de livres antiques, et de longues veilles angoissées dans des bois crépusculaires composés d'arbres absurdes et gigantesques, chargés de lianes, qui, en silence, poussent toujours plus haut leurs bras sinueux. Tel est le lot que les dieux m'ont accordé à moi, l'étonné, le banni, le déçu, le brisé. Et pourtant je me sens étrangement satisfait et m'accroche farouchement à ces souvenirs flétris lorsque mon esprit, pour un moment, menace d'aller au-delà, chercher ce qui est autre.
Point ne sais où je suis né, mais le château était infiniment vieux et infiniment affreux, plein de passages obscurs et de hautes voûtes où l'œil, lorsqu'il se hasardait vers elles, ne décelait que nuit et toiles d'araignées. Les pierres dans les couloirs gauchis semblaient toujours atrocement humides, et il régnait partout une odeur maudite, odeur de charniers toujours renouvelés par les générations qui meurent. Il n'y faisait jamais jour; il m'arrivait parfois d'allumer des chandelles et de chercher longtemps dans leur flamme fixe et immobile un soulagement ou un secours; dehors non plus il n'y avait pas de soleil, car ces arbres haïssables s'élevaient bien au-dessus de la plus haute et de la plus inaccessible des tours. Il y avait pourtant une tour noire qui montait au-dessus des arbres dans le ciel inconnu de l'au-delà de la nuit, mais elle était à moitié en ruine et l'on ne pouvait y monter qu'au prix d'une escalade presque impossible le long de sa muraille lisse.
J'ai dû vivre des années dans cet endroit, mais je ne peux mesurer le temps. Des êtres ont dû veiller sur moi et prévoir mes besoins , pourtant je ne peux me souvenir d'aucune personne à J'exception de moi-même, de rien de vivant en dehors de mes compagnons silencieux, les rats, les chauves-souris et les araignées. Je pense que la personne, quelle qu'elle fût, qui veilla sur mes premières années devait être d'un âge incroyablement avancé, car ma première conception d'un être animé ressemble à une caricature de moi-même, déformée, réduite, et pourrissante comme le château même. Pour moi, il n'y avait rien d'horrible dans les os et les squelettes qui jonchaient certaines des cryptes de pierre, profondément enfouies sous les fondations. C'est incroyable, mais j'associais ces choses à la vie quotidienne, et les prenais pour plus naturelles que les images colorées d'êtres vivants que je rencontrais dans nombre de mes livres moisis. C'est dans ces ouvrages que j'ai appris tout ce que je sais. Je n'ai pas eu de précepteur pour me guider, pour me conduire, et je n'ai pas souvenir d'une voix humaine au cours de toutes ces années, pas même de la mienne - car si j'ai lu des livres qui parlaient du langage, je n'ai jamais essayé de parler à voix haute. Mon aspect physique. je n'y pensais jamais non plus, car il n'y avait pas de miroirs dans ce château, et je me considérais moi-même, automatiquement, semblable à ces êtres jeunes que je voyais dessinés et peints dans les livres. Et je me croyais jeune parce que j'avais peu de souvenirs.
Dehors, par-delà les douves putrides, sous les arbres sombres et muets, souvent je m'allongeais et restais à rêver pendant des heures à ce que j'avais lu dans les livres et, plein de nostalgie, m'imaginais mêlé à quelque foule joyeuse et gaie dans le monde ensoleillé qui débutait au-delà de l'interminable forêt. Une fois, j'essayai de fuir cette forêt, mais plus je m' éloignai du château, plus l'ombre moite s'alourdissait et plus l'air se chargeait d'une terreur enveloppante ; affolé, je retournai sur mes pas, éperdu de panique à l'idée que je ne pourrais retrouver mon chemin dans ce labyrinthe de silence obscur.
Ainsi, tout au long d'interminables crépuscules je rêvais et j'attendais ; j'attendais je ne sais quoi. Mais dans ma solitude noire, mon désir de clarté devint si fort et si poignant que je n'étais plus capable de me détendre, de me reposer, et que je tournais toujours mes regards et tendais toujours mes mains avides vers cette tour en ruine, sombre et solitaire, qui montait, au-dessus de la forêt, jusqu'au ciel inconnu de l'au-delà. Finalement, je me résolus à faire l'escalade de cette tour, dussé-je y périr ; car mieux valait voir le ciel, quitte à en mourir, que vivre sans jamais connaître le jour Dans le crépuscule moite, je montai donc les degrés de pierre usés par les siècles jusqu'au dernier, et ensuite, entamai la dangereuse ascension en m'aidant de saillies précaires aux jointures des Pierres. Épouvantable, affreux et lisse, ce puits de pierre morte, un puits d'encre, fissuré, désert, sinistre avec ses chauves-souris étonnées dont j'éveillais les ailes silencieuses. Mais plus affreuse et plus angoissante encore la lenteur de ma progression ; car j'avais beau monter et monter, au-dessus de moi l'obscurité ne s'éclaircissait point ; une nouvelle terreur grandit en moi, celle que suscite la pourriture maudite et vénérable. Des frissons m'ébranlaient et je me demandais pourquoi je n'atteignais pas la lumière ; j'aurais baissé les yeux si je l'avais osé. J'imaginai un moment que la nuit devait être tombée d'un coup sur moi ; en vain, de la main, je tâtonnai pour essayer de rencontrer l'embrasure de la fenêtre par laquelle je pourrais me pencher et savoir à quelle hauteur j'étais déjà parvenu.
Mais tout à coup, après plusieurs éternités passées à me traîner collé à la paroi de ce précipice concave et affolant, ma tête heurta quelque chose de dur, et je compris que je venais d'atteindre le toit ou tout au moins quelque palier. Toujours dans le noir, je levai une main et tâtai l'obstacle. Je m'aperçus qu'il était de pierre, et immuable. C'est alors que j'entrepris cette aventure odieuse, faire le tour du donjon, m'accrochant aux faibles prises que m'offrait la muraille grasse ; finalement ma main, à force de quêtes sentit en un endroit l'obstacle remuer. Je me hissai, poussant de la tête la dalle ou la porte, car je me retenais des deux mains dans cet effort délirant. Aucune lumière ne se coula par la fente, et mes mains une fois glissées de l'autre côté de la surface, je compris que mon ascension était, cette fois, terminée. Car cette dalle servait de trappe, permettant d'accéder à une aire de surface plus grande que celle de la tour, en bas ; c'était certainement le plancher d'une vaste chambre de guet. Je m'introduisis lentement par l'ouverture, et voulus essayer d'empêcher la lourde dalle de retomber en place, mais échouai. En me laissant tomber sur la pierre lisse, j'avais à l'oreille l'écho sonore de sa retombée ; j'espérai que le moment venu, je pourrais de nouveau la forcer.
M'imaginant alors à une hauteur prodigieuse, bien au-dessus des plus hautes branches de la forêt maudite, je me redressai lourdement et fouillai la nuit de mes mains, à la recherche de fenêtres afin de pouvoir, pour la première fois, poser les yeux sur le ciel, la lune et les étoiles dont m'avaient parlé mes livres. Mais sur tous ces points je fus déçu : car tout ce que je rencontrai, ce furent d'interminables alignements de profondes étagères de marbre, chargées de longues et inquiétantes boîtes que je touchai en frissonnant. Et je réfléchissais, et je me demandais de plus en plus quels étaient donc ces innommables secrets qu'enfermait depuis des temps et des temps cette pièce retranchée du château. Par surprise, mes mains sentirent l'embrasure d'une porte fermée par un vantail de pierre sculpté de ciselures étranges. Je voulus l'ouvrir ; elle était bien close. Dans un ultime sursaut de volonté, je m'acharnai et sentis finalement le battant venir à moi. Et c'est alors que me vint la plus pure extase que j'aie jamais connue ; brillant calmement derrière une grille aux contours élaborés, au-dessus de quelques marches surplombant la porte que je venais d'ouvrir, je vis la lune, pleine, radieuse, telle que je ne l'avais jamais vue hors de mes rêves et de vagues visions que je n'osais baptiser du nom de souvenirs.
Croyant avoir atteint la cime dernière du château, je me précipitai en haut de ces marches, de l'autre côté de la porte. A ce moment précis, la lune fut voilée d'un nuage. Je trébuchai, et cherchai de nouveau, lentement, mon chemin dans la nuit. Il faisait encore très sombre lorsque je parvins à la grille que je palpai avec soin ; elle n'était pas fermée à clef, mais je ne l'ouvris pas, crainte de tomber du haut de l'altitude inimaginable à laquelle je devais me trouver. La lune sortit.
Le plus démoniaque de tous les chocs vous vient de l'inattendu le plus insondable ou de l'impensable le plus fou. Rien que j'eusse jamais connu ne pouvait se comparer à la terreur qui m'emplit au brusque spectacle que j'eus devant les yeux, et au sentiment des mystères qu'il impliquait. Le spectacle en lui-même était aussi simple que paralysant. et ce n'était rien d'autre que ceci : au lieu d'un panorama vertigineux de sommets d'arbres s'étendant au pied d'une hauteur sublime, ce que j'avais devant moi, à mon niveau, de l'autre côté de la grille, ce n'était rien d'autre que le sol, la terre ferme, peuplée en cet endroit de dalles de marbre et de colonnes, à l'ombre d'une vieille église de pierre dont la flèche ruinée rutilait comme un spectre sous la pâle lumière de la lune. A moitié conscient, j'ouvris la grille et titubai sur le sentier de gravier blanc qui partait dans deux directions. Mon esprit, noyé par le choc et le chaos, était toujours rongé du besoin de lumière ; le fantastique mystère lui-même qui venait de surgir ne réussit pas à lui faire oublier son objet, à infléchir la course de mon destin. Je ne savais pas, et ne m'en souciais pas, si j'étais aux prises avec la folie, le rêve ou la magie ; mais j'étais plus que jamais déterminé à contempler la clarté et la joie, quel que dût en être le prix. Je ne savais ni qui j'étais ou ce que j'étais, ni l'endroit où je pouvais me trouver ; mais je continuais à marcher en aveugle, devant moi, et en même temps se levait lentement dans mon esprit une sorte de souvenir latent aussi bien qu'horrible qui soustrayait au hasard le choix de ma route. Par une arche, je quittai ce domaine des dalles et des colonnes, et m'aventurai dans la campagne ouverte, suivant parfois la route visible mais parfois la quittant aussi, bizarrement, pour traverser des prés où des ruines sporadiques signifiaient la présence oubliée d'un chemin d'autrefois. A un certain moment, il m'en souvient, je traversai à la nage un fleuve rapide, à l'endroit où d'antiques piles de maçonnerie moussues et ruinées demeuraient les seuls vestiges en cet endroit d'un pont depuis longtemps disparu.
Deux heures au moins s'écoulèrent avant que j'eusse atteint ce qui devait être mon but, un château vénérable couvert de lierre, au sein d'un parc cerné d'un bois épais, atrocement familier et pourtant empreint pour moi d'une incompréhensible étrangeté. Les douves étaient pleines, et plusieurs des tours trop connues étaient démolies, tandis qu'on avait édifié de nouveaux bâtiments, de nouvelles ailes, pour confondre le spectateur. Mais ce que je vis avec le plus d'intérêt et de joie, ce furent les fenêtres ouvertes, merveilleusement scintillantes de lumières et d'où me parvenaient les sons dune fête joyeuse. M'avançant vers une porte-fenêtre, je regardai à l'intérieur , j'aperçus une compagnie aux atours curieux en train de s'amuser, de rire et de s'ébattre bruyamment. Sans doute n'avais-je jamais entendu le son de la voix humaine, car je ne compris que vaguement ce qui se disait. Certaines des têtes semblaient avoir des expressions qui réveillaient en moi des évocations et des souvenirs incroyablement anciens ; d'autres personnes m'étaient totalement étrangères.
Je pénétrai par cette porte dans la pièce brillamment illuminée, et, ce faisant, passai au même moment, de l'espoir le plus heureux aux convulsions du désespoir le plus noir, à la prise de conscience la plus poignante.
Le cauchemar s'empara immédiatement de moi ; dès que j'entrai, j'assistai à l'une des manifestations les plus terrifiantes qu'il m'ait jamais été donné de voir. A peine avais-je passé le seuil que s'abattit sur toute l'assemblée une terreur brutale, que n'accompagna pas le moindre signe avant-coureur, mais d'une intensité impensable, déformant chaque tête, tirant de chaque gorge ou presque les hurlements les plus horribles. Tout le monde s'enfuit aussitôt, et dans les cris et la panique, plusieurs personnes tombées en convulsions furent emportées loin de là par leurs compagnons affolés. J'en vis même plusieurs se cacher les yeux de leurs mains et courir de la sorte, aveugles et inconscients, se cognant aux murs, aux meubles, avant de disparaître par l'une des nombreuses portes de la salle.
Ces cris me glacèrent; et je restai un moment comme paralysé dans la clarté éblouissante de cet endroit, seul, incrédule, gardant à l'oreille l'écho lointain de l'envol des convives terrifiés, et je tremblais à la pensée de ce qui devait rôder à côté de moi, invisible. Au premier coup d'œil rapide que je jetai, la pièce me parut déserte, mais en m'approchant de l'une des alcôves, j'eus l'impression d'y deviner une sorte de présence, l'ombre d'un mouvement derrière le cadre doré d'une porte ouverte qui menait à une autre pièce assez semblable à celle dans laquelle je me trouvais. M'approchant de cette arche, je perçus plus nettement cette présence, et finalement, tandis que je poussais mon premier et dernier cri -une ululation spectrale qui me crispa presque autant que la chose horrible qui me, la fit pousser - j'aperçus, en pied, effrayant, vivant, l'inconcevable, l'indescriptible, l'innommable monstruosité qui, par sa simple apparition, avait pu transformer une compagnie heureuse en une troupe craintive et terrorisée e ne peux même pas donner l'ombre d'une idée de ce à quoi ressemblait cette chose, car elle était une combinaison horrible de tout ce qui est douteux, inquiétant, importun, anormal et détestable sur cette terre. C'était le reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et de la désolation ; le phantasme, putride et gras d'égouttures, d'une révélation pernicieuse dont la terre pitoyable aurait dû pour toujours masquer l'apparence nue. Dieu sait que cette chose n'était pas de ce monde - ou n'était plus de ce monde - et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître dans sa matière rongée, rognée, où transparaissaient des os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme humaine. Il y avait, dans cet appareil pourrissant et décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça encore plus.
J'étais presque figé, mais non incapable d'effectuer un effort pour m'enfuir. Je titubai en arrière, sans pour autant parvenir à rompre le charme sous lequel me tenait ce monstre sans voix et sans nom. Mes yeux, ensorcelés par ces orbites vitreuses qui se vrillaient ignominieusement dans les miennes, mes yeux se refusaient à se fermer; certes, et j'en remercie le ciel, la vision qu'ils nie transmettaient était voilée, et, le moment du premier choc passé, je ne distinguais qu'indistinctement cet objet terrible. J'essayai de conjurer cette vision en portant ma main devant mon visage, mais mes nerfs étaient dans un tel état que mon bras ne répondit qu'imparfaitement à ma volonté. Cette tentative me fit à moitié perdre l'équilibre et je basculai en avant et trébuchai de plusieurs pas pour éviter de tomber. Je me rendis soudainement compte, dans un moment d'agonie, que la répugnante charogne était à quelques centimètres de moi ; il me semblait en entendre la sifflante et caverneuse respiration. Presque fou, j'eus encore la force de tendre le bras pour écarter la fétide apparition si proche de moi, quand, dans une seconde où les cauchemars du cosmos rejoignirent les accidents du présent, mes doigts entrèrent en contact avec la patte pourrissante et ouverte du monstre sous cet encadrement d'or.
Non, ce ne fut pas moi qui hurlai ; tous les vampires sataniques qui chevauchent les vents nocturnes hurlèrent pour moi, en même temps que, dans l'espace de cette même seconde, s'effondrait d'un seul coup sur mon esprit la cataracte, l'avalanche annihilant des souvenirs, et que se rouvrait, à m'en déchirer l'âme, ma mémoire. En cette seconde, je compris tout ce qui avait été; je me souvins de ce qui avait précédé le château effrayant avec ses arbres, et je reconnus l'altier édifice dans lequel je me trouvais, et je reconnus, et rien ne fut plus terrible, l'abominable malédiction qui ricanait devant moi en même temps que je rompais le contact de mes doigts souillés avec les siens.
Mais le cosmos recèle aussi bien le baume que l'amertume, et ce baume est le népenthès. Dans l'horreur suprême de cette seconde, j'oubliai ce qui m'avait horrifié, et l'explosion de cette mémoire nocturne s'évanouît dans un chaos d'images, s'estompant en échos toujours plus lointains. Dans un rêve, dans un cauchemar, je m'enfuis en courant de cet endroit hanté et maudit, je courus, rapide autant que silencieux, vers la lumière de la lune. Je retrouvai le cimetière peuplé de marbre, descendis les degrés, mais la dalle de pierre était impossible à ouvrir. Et je ne le regrettai pas, car j'avais haï cet antique château et ses arbres impossibles. Maintenant, je chevauche les vents de la nuit, avec les vampires moqueurs et amicaux, et joue le jour parmi les catacombes de Nephren-Ka dans la vallée secrète et close de Hadoth, près du Nil. Je sais que la lumière ne m'est pas destinée, sauf celle de la lune sur les roches tombales de Neb, et qu'aucune gaieté ne me revient sinon les fêtes sans nom de Nitokfis, sous la Grande Pyramide -, et pourtant dans ma nouvelle condition, dans ma nouvelle liberté, j'accueille presque avec le sourire l'amertume d'être autre.
Car quoique le népenthès ait mis la main sur moi, je sais pour toujours que je suis d'ailleurs, un étranger en ce monde, un étranger parmi ceux qui sont encore des hommes. Et cela je le sais du moment où j'ai tendu la main vers cette abomination dressée dans le grand cadre doré, depuis que j'ai porté mes doigts vers elle et que j'ai touché une surface froide et immuable de verre lisse.
et le Corbeau, traduit par... Beaudelaire, qui a traduit la plupart de Poe au passage: http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Corbeau_%28traduit_par_Charles_Baudelaire%29 Ces deux auteurs méritent mieux que google trad | |
| | | Nyx divinité
Nombre de messages : 2554 Date d'inscription : 26/07/2007
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Sam 26 Oct 2013 - 23:14 | |
| - mayapan a écrit:
- ...mais le fait que ciguë et néphenthès ai été citée ensemble plusieurs fois dont avec socrate m'ont fait pensé que ça aurait pu être le pavot, qui était contenue dans le mélange qu'il lui on fait boire,
Pour la mort de Socrate on ne parle pas de néphentes mais seulement de Cigüe. Pour lui, tu as raison, on a surement mis de l'opium mélangée avec la Grande Cigüe. Mais là, rien de médicinale ou enthéogène, c'est juste un cocktail administré pour la peine de mort. La mort de Socrate est décrite avec beaucoup de précision dans le Phédon de Platon. En fait, contrairement aux effets de la cigüe qui procure des convulsions, Socrate meurt de manière calme et sans agitation. Il sent le froid gagner ses pieds, puis son thorax puis il meurt juste après avoir prononcé une dernière phrase calmement. C'est pour cette raison qu'on pense que la grande cigüe était très probablement mêlée à d'autres plantes (peut-être opium) favorisant une mort sans agitation et donc plus agréable pour ceux qui accompagnaient le condamné. | |
| | | mayapan druide
Nombre de messages : 978 Age : 37 Localisation : paris Loisirs : peinturlur musica & botanica Date d'inscription : 15/11/2011
| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne Mar 29 Oct 2013 - 2:29 | |
| Rätsch dans son paragraphe sur le Néphentès rapporte que ce qu’Hélène distillait aurait pu être Cannabis indica (Berendes 1891, 131 f.*) ou Hyoscyasmus muticus (dierbarch 1833, 189*).. | |
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| Sujet: Re: ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne | |
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| | | | ancienne appellation de plantes dans la littérature ancienne | |
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